15.4.11

haine du potelet

Cela faisait longtemps que j'en avais envie mais toujours reporté à demain, alors voilà, l'occasion d'un déjeuner organisé par l'Ajibat (association de journalistes de la ville) sur l'urbanisme et la sécurité, m'a rallumé l'envie : comment supporter la multiplication des potelets et autres bornes, ces bitoniaux disgracieux qui encombrent les trottoirs et les passages piétons, sous prétexte de les protéger et de les baliser. Dans Paris, c'est la folie depuis quelques années. ça marche avec la généralisation des "villages", des "zones 30" et de toutes ces divisions de voiries qui saucissonnent l'espace public. Résultat, au lieu d'apaiser les relations entre usagers ("apaiser", c'est le mot mis à toutes les sauces par les techniciens de la voirie), on les complique. Au lieu d'assurer la sécurité, on fabrique une insécurité, puisque l'espace est de moins en moins lisible et fluide.

©moburbain.fr
Le potelet, souvent marronnasse, symbolise parfaitement cette triste évolution, parce qu'il trahit le manque de confiance dans la ville et dans l'urbanité - la ville définie comme lieu de frottement (donc espace où les conflits peuvent s'exprimer, exister, sans pour autant virer à la violence), l'urbanité entendue aussi dans son sens de "courtoisie".


Reconnaissons tout de même au potelet une qualité : il est théoriquement facile à supprimer - contrairement à des solutions moins envahissantes et moins visibles mais plus durables, genre trottoirs surélevés, efficaces aussi pour empêcher les méchants automobilistes de se garer n'importe où. Ceci-dit, ils coûtent cher (une centaine d'euros chaque + le coût d'installation + l'entretien et le remplacement). Et ils n'ont rien de pédagogique pour amener les dits automobilistes à respecter leurs concitoyens (à commencer par eux-mêmes dès qu'ils sortent de leur bolide pour prendre le commun statut de piéton).

(dessins "ville avant - ville après" © Ben Hamilton-Baillie & Paul Boston, source : Urban Design Hamilton-Baillie Associates )


Face à la technicité du découpage à la française, il y a quand même d'autres pratiques : Drachten et Makkinga(Pays-Bas), Bohmte (Basse-Saxe), Brisbane (Australie)... et beaucoup d'autres villes, vivent sans panneaux, sans partage de l'espace public, sans feux tricolores. Et avec en général moins d'accidents. Sans doute parce que leurs usagers font davantage attention?

2 commentaires:

  1. merci de faire un lien vers www.moburbain.fr
    sur votre photo de potelet en haut de la page (copyrights gratuits).

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  2. Voilà que des fabricants de mobilier urbain ont repéré ce message et découvert que j'avais utilisé une image de leur catalogue... Alors, peu importe les critiques du blog, sans se démonter, ils demandent que le copyright leur soit reconnu : réglementaire. Je m'exécute, en attendant de poster une photo que je ferai moi-même... Mais quand même, ces vendeurs de potelets n'ont pas de fierté. Etonnant, non?

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