
Comment ça lui est venu ? L’histoire est longue. Celle d’un petit garçon chinois, dont la mère meure lorsque les Japonais envahissent la Chine. Son père l’envoie en Nouvelle-Zélande (avec d’autres réfugiés), où il fait des études scientifiques. Jeune homme, il retourne au pays pour étudier le chinois et prendre femme. Puis revient définitivement. Parce que les autres Chinois nouvellement arrivés ne parlent pas anglais, il sert d’interprète, en particulier pour expliquer les pannes de moteur, car il travaille dans un garage. Ainsi devient-il mécanicien habile, puis entrepreneur. Il a commencé dans un coin de bâtiment que son frère ainé (le grand-père de Janet) lui a laissé. Un entrepôt tout en longueur où la famille invitait les habitants de Bay View pour de grandes fêtes, tous les ans.


Autour de ce lieu, Jim a fait prospérer son entreprise, bâtiment aujourd’hui en piteux état qu’il veut rénover, « parce que c’est de l’histoire ».

De son frère, Jim a aussi hérité quelques arpents de vigne, à quelques kilomètres de là. Du merlot, du sauvignon d’origine italienne. Il vend les raisins aux vignerons voisins, lui-même n’a pas le temps de vinifier et ses enfants (deux fils, une fille) ont fait d’autres études – avocat, business... Ils vivent en Australie ou en Europe.
Jim se voit mal habiter en ville, parce qu’il a l’habitude d’avoir de l’espace. Pourtant, quand il va vieillir (il dit ça avec un petit rire), peut-être ira-t-il à Sydney, chez sa fille… Sa femme et lui habitent une maison dans la plaine, à quelques encablures du garage. Grande maison, entourée d’arbres fruitiers – maintenant que les enfants sont partis, ils donnent les pommes aux visiteurs, alors je repars les bras chargés.