20.6.10

Chroniques de l'Ile



Sortie il y a déjà quelques semaines du #3 des Chroniques de l'Ile, que je réalise pour la Samoa sur le projet de l'Ile de Nantes. Les deux premiers numéros, sortis en 2009, racontaient le rapport à l'existant (le "déjà-là", le patrimoine) et la relation à la Loire (à l'échelle de la ville de Nantes et de l'estuaire).



Ce numéro 3 parle des temps du projet : une problématique fondamentale dans la vie des projets urbains, rarement explorée (je me suis aperçue en écrivant cet ouvrage que très peu de choses sont publiées sur le sujet). Pourtant, c'est passionnant, parce que ce thème des temporalités influence profondément les relations entre les nombreux acteurs qui interviennent dans la transformation de la ville - les élus bien sûr, les concepteurs, les partenaires privés, les habitants, les diverses institutions... et l'aménageur, qui a la charge d'associer tous ces acteurs pour que le projet avance. Le temps du projet, c'est aussi une question de stratégie (voir loin mais également jouer la souplesse, savoir susciter et saisir les opportunités) et de rythme : le temps long, très long, de la ville, mais la rapidité de l'action, indispensable pour ne pas s'enliser. Le temps, c'est aussi celui de la métamorphose du territoire, ou comment le projet se fabrique, s'incarne.


Ces Chroniques représentent pour moi une vraie réussite : cela faisait longtemps que je rêvais de raconter un projet pendant sa réalisation même, sans attendre que tout soit ficelé, sans attendre non plus que la mémoire de la fabrication se perde et soit trafiquée par les intérêts des uns et des autres. L'idée, ici, est de partager l'histoire de cette fabrication, celle de la conception et des chantiers, des discussions et des doutes, comment ces débats transforment les projets... Et aussi raconter la multiplicité des acteurs, car un projet urbain met en œuvre beaucoup d'énergies, exige l'intervention de très nombreux partenaires - à qui j'ai essayé de donner la parole. Avec un objectif : raconter tout cela dans une langue normale, pas celle des spécialistes, donc s'adresser à un public plus large, celui des "amateurs" de ville. Que la Samoa ait été mon premier commanditaire d'accord pour jouer ce jeu n'est pas si étonnant : l'Ile de Nantes est sans doute le grand projet français qui s'est déployé de la façon la plus souple, avec beaucoup d'ambition mais aussi une grande flexibilité. Et la Samoa, grâce à Laurent Théry et à son équipe, est un maître d'ouvrage unique en son genre pour son ouverture d'esprit et son exigence. Hélas, Laurent Théry s'en va, en octobre, pour diriger Euralille.

(Les Chroniques de l'Ile sont publiées par Place Publique, avec la belle mise en page de Bernard Martin)

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