21.8.10
corps et âme
Chaumont 2010 : le festival des jardins creuse son sillon. Avec ses tics et ses moments de grâce. Mon problème cette année, c'est de n'avoir senti vraiment ni le corps ni l'âme (thème de l'édition 2010, en quête "d’apaisement et de sérénité"). Beaucoup de chants d'oiseaux pour figurer l'âme - le plus sympa : des nichoirs blancs avec des boutons à pousser pour entendre le chant de l'oiseau représenté sur la boîte; comme ils sont alimentés par de petites plaques photovoltaïques, il leur faut un peu de temps pour se recharger, alors il y a de la déception dans le parcours et du plaisir plus intense quand ça marche ("Le jardin qui chante, Rosalie Zeile et Amalia Besada, Allemagne). Je m'attendais à davantage de musique - en fait, elle est peu présente - mais ne pas rater le merveilleux "Lady Day" : Un grand piano noir déglingué, des fleurs en pagaille, la voix de Billie Holiday... Et des fauteuils confortables pour écouter.(Anne Zaragoza, Jasper Springeling, Berno Strootman et Matthijs Willemsen, Pays-Bas)
L'âme s'ouvre lorsqu'elle est noire : énigmatique et intouchable "Cheveux d'ange" et ses reflets sur bassin noir où flottent nymphéas rouges, chaises blanches, serre transparente (Christophe Marchalot, Félicia Fortuna, France).
Le corps, lui, est représenté surtout par des chaises longues confortables. Quelques sensations volées - comme le sable doux et blanc de "Ma terre, Mater", à se déchausser comme il est conseillé (Olivier Hostiou, Marie Forêt et Laurent Weiss).
Pour raconter l'alliance corps-esprit, il y a le parfum des fleurs (trop de simples, en fait peu intéressants, à l'exception de la jeune équipe de "Contactez-moi", qui invite à la découverte - Loic Nys, Sébastien Roussel, Cécile Larcher et Sébastien Migné). La jolie "carte verte" à Le Dantec sur le thème du plaisir à gagner dans un monde hostile. Ou le choc entre l'acier Corten et les folles herbes du fenouil sauvage.
Ou le rigolo "Bon thé, bon genre", qui joue avec les tasses de thé et promet une dégustation à 16h le week-end (George Richardson et Jules Arthur, Angleterre)...
N'empêche, la visite de Chaumont reste un bonheur. D'abord pour le restaurant "Grand Velum", aux arômes toujours surprenants (pourquoi n'ouvre-t-il qu'à midi, alors que ce serait merveilleux, les soirs de nocturnes?). Et pour la collection d'art contemporain que François Barré, président du conseil d'administration du Domaine, y fabrique année après année. En 2010, toujours le choc puissant des cloches, couteaux et poutres installées par Jannis Kounellis dans les cuisines, les couloirs, les pièces du château pas refaites et pas muséifiées.
Dans le château, plus éphémère, l'étrange travail de plantes couturées - Karine Bonneval coud des fils, des perles, des boutons sur les plantes vertes - pour montrer leur excessive domestication.
Et puis sur le domaine, dans les bâtiments de ferme et les écuries, arte povera heureux, avec les pièces de Paul Verschueren...
...ou celles de Marie Denis - des entrelacs de paille et de tissus, magnifiques.
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