Petite leçon sur la "greenstone" (pierre verte), grâce à la belle exposition du Te Papa, le musée de Wellington, sur la (ou le ?) pounamu – nom maori de la greenstone , que nous appelons jade pour faire court : la greenstone de Nouvelle Zélande est une néphrite d’une extrême dureté, grâce à ses molécules entrelacées. Pour les Maoris, elle est pierre angulaire, à la fois outil (tranchant de hache qui fabrique les canoës et taille les autres pierres), arme (mere, un peu épée, un peu arme contondante, un peu sceptre), symbole de force et d’autorité, bijou… Et le célèbre Tiki, symbole maori par excellence.
La pounamu est honorée comme le don de la terre (taonga : trésor) qui a permis aux Maoris de graver leur histoire et leur généalogie. Elle est l’objet de nombreuses croyances attachées à son pouvoir. Elle peut alors avoir sa propre volonté – un homme dans l’exposition raconte qu’il déménageait de l’île sud vers l’île nord en transportant un bloc de pounamu qui à plusieurs reprises a roulé sous sa pédale de frein, malgré le soin qu’il portait à le caler, jusqu’à ce qu’il se décide à le laisser derrière lui : « ce pounamu ne voulait pas passer dans l’île nord ». La tradition veut que la première pounamu trouvée soit donnée, pas conservée. Dans certains villages, il n’y avait qu’une pierre par famille, les autres étant données. Version moderne et commerçante de la chose: on n’est pas censé s’en faire cadeau à soi-même mais seulement se la faire offrir. La pounamu est le plus sûr moyen maori de construire des relations: on se l’échange lors d’alliances, on en offre aux anciens ennemis.
Il y en a des variétés infinies. La plus rare, kahurangi, est très translucide, avec de vives teintes vertes.
La plus courante, kawakawa, peut atteindre un vert sombre presque noir.
Inanga varie du blanc au gris-vert et change de couleur en s’oxydant avec le temps.
Tangiwai, la plus ancienne forme géologique, parfois bleutée, est claire comme du verre et « son nom évoque un chagrin si profond qu’il ne sera jamais tout à fait guéri. »
Kokopu porte le nom d’une truite tachetée…
Cette pierre vit de ses mystères – comment les Maoris en ont-ils déniché les sites, rares et souvent difficiles d’accès ? Les a-t-elle préservé du progrès (peuple qui n’a pas connu l’âge de fer, malgré les nombreuses ressources minières de la Nouvelle-Zélande) mais aussi du combat, compromettant leurs chances de victoire lorsque les Européens sont arrivés en s’appropriant les lieux ? Elle est en tout cas au cœur des peuples qui vivent ici, portée par tous, toutes races confondues. Objet d’exploitations illégales depuis deux décennies, donc à protéger plus vigoureusement.
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