13.5.10

Auckland mer et terre



Revenir aux grands principes : la géographie. Auckland est d'abord une étroite bande de terre entre deux mers, le Pacifique et la mer de Tasman. Les Maoris portaient leurs canots pour leur faire traverser cette terre. Rare configuration : la ville a eu deux ports - celui de l'ouest (côté Tasman) n'est quasiment plus pratiqué, trop difficile d'accès et trop peu profond. à l'exception de Tanger, quelle autre grande ville ouvre ainsi sur deux mers?




Donc, une ville portuaire. Port de moyenne importance, qui a les moyens de se développer vers l'est. Comme tous les ports, à quelques rares exceptions près, celui-ci semble très indépendant de la ville, quoique très proche du CBD. C'est la partie "ferry" qui est ouverte directement sur la ville, en particulier pour relier les "suburbs" maritimes, comme Devenport (chic) - 10 minutes seulement de traversée, un bateau toutes les demi-heures (en voiture, faire le tour prend facilement le double aux heures de pointe.

La géographie, c'est aussi le volcanique. 53 volcans pour l'ensemble du Grand Auckland, certains assez modestes, d'autres spectaculaires. à commencer par le Rangitoto - un monument en lui-même.


Les volcans sont des landmarks au sens plein du terme - des repères, des monuments, des lieux de mémoire où se mêlent l'histoire des peuples maoris et européens, des parcs en pleine ville - leurs formes (chacun différent et identifié par tous les habitants) émergent dans la spread city qui les baignent leurs pentes, épargnées de toute urbanisation et pratiquées par des troupeaux de vaches et de moutons.

Depuis le Mont Eden, vue sur le One Tree Hill vers le Sud-Est.



Toujours depuis le Mont Eden, vue sur le Mont Hobson et, plus loin, le Mont Wellington, vers l'Est.


Depuis la Sky Tower, au cœur du CBD, vue vers le Mont Eden. Un grand parc en pleine ville - un quart d'heure maximum en bus depuis le centre. Et ensuite un quart d'heure de marche tranquille pour atteindre le sommet.







sur One Tree Hill, un monument à la gloire des Maoris, édifié par un européen.



le cratère, "lieu sacré et fragile"

10.5.10

Golden


Encore une expérience physique, d'un tout autre genre que le saut en parachute mais étonnante aussi : le soin du visage à l'or. Des petites touches magnétiques collées à la peau grâce à une crème à l'or et à l'aloé, posées le long des rides, autour des zones fatiguées, sur les cicatrices... Et qui stimulent des points d'acupuncture. Deux Australiens ont inventé le soin, qu'ils commencent seulement aujourd'hui à diffuser, d'abord à Auckland, et spécifiquement dans le Spa du Langham Hotel où travaille Mathilde - grâce à quoi j'ai eu droit à un soin d'entraînement organisé pour l'équipe. Et des magnets à me coller sur les points clés pendant 6 semaines, tous les deux jours. Promesse d'une sorte de lifting?

La séance a éveillé des sensations inattendues (d'ailleurs, je n'attendais rien de particulier): sentir ainsi mes rides, l'une après l'autre, avec précision, c'était découvrir mon visage autrement, de l'intérieur et non plus en le regardant. C'était entendre et ressentir son histoire, avec une gaité profonde. Le vieillissement est là mais joyeux... Et la personne que je suis affleure sous le masque, grâce à toutes ces traces qui dessinent des jardins, uniques sur chaque visage.

9.5.10

Auckland mea culpa



A y revenir, à y passer un peu de temps, je commence à lui trouver du charme. D'abord reconnaître qu'elle n'a pas dilapidé son paysage. Par monts et par vaux, les pentes de ses 50 volcans donnent aux rues des qualités de surprise. Up ouverts sur le ciel, perspectives lointaines à découvrir aux coins de rues.




Vu de loin, le skyline révèle la médiocrité de l'architecture - la SkyTower en emblème mais des tours sans caractère.


Malgré tout, quelques pièces de qualité commencent à habiter le CBD (Central business district).


Erreur d'avoir trop comparé - avec les cités européennes mais aussi américaines ou asiatiques. Ne jamais oublier que la Nouvelle-Zélande est sans doute le plus jeune pays du monde (rien à voir avec l'Australie, où les Aborigènes sont parmi les plus vieux peuples de la terre). Les Polynésiens n'y arrivent pas avant le 9e siècle - mais divers historiens estiment que les véritables colonies maories s'établissent surtout entre 1250 et 1350. Les Européens ne commencent à s'installer qu'après le passage de Cook, à la fin du 18e. Il manque ici le dialogue entre les couches d'une histoire dont même l'Amérique est plus riche. En échange, l'esprit pionnier vibre encore - cette idée assez largement partagée qu'ici tout reste possible. La forme d'Auckland le raconte, à sa manière un peu fruste aux yeux d'un Européen policé mais qui ne se prend pas au sérieux!


Il manque aussi la population: 4,3 millions d'habitants seulement, dispersés sur une surface un peu plus grande que le Royaume-Uni, un peu plus petite que l'Italie (qui comptent tous deux plus de 60 millions d'habitants). La densité néo-zélandaise plafonne à 15 hab/km2. Tout ici à l'air d'un village. Auckland, avec ses 1,3 million d'âmes, s'est tellement étalée qu'elle a bien du mal à faire ville : pas besoin d'immeubles, pas de quoi développer des centres commerciaux.

Précision : toutes les photos de ce chapitre ont été prises dans le centre d'Auckland - sauf les skylines, photographiés depuis le pont qui quitte la ville, vers le Nord.

6.5.10

K'Road


ça vaut le coup de cliquer pour regarder en détail, les panneaux pour les boutiques et cafés de la St Kevins Arcade, les deux personnages en train de fumer une cigarette - la femme en bleu est un homme à la voix grave...
La photo suivante, du même passage, ouvre sur le parc Myers, jardin caché qui s'insinue au creux d'un vallon préservé. Au pied de l'escalier, une copie d'une statue de Michel-Ange.







K'Road, K pour Karangahape, pose une limite entre le CBD (l'ultra centre d'Auckland, très petit surtout si on considère qu'il est le moteur de la plus grande ville du pays) et la première couronne de Auckland Central : au-delà, au sud, passent les autoroutes. Géographiquement, K'Road suit une crête. Symboliquement, elle pourrait être une métaphore de la ville toute entière, et peut-être même de la Nouvelle-Zélande, dans ce qu'ils ont de plus sympathiques : une société ouverte, où se côtoient sans difficulté majeure des composantes très contrastées.


Bus stop devant le Family: un musulman, deux hommes plutôt bien mis dont l'un lit un journal Gay, un jeune paumé... Petite collection de la population du quartier.

Ici, des épiceries et un supermarché chinois, des boutiques de modes branchées et des galeries d'art, des fringues second hand qu'adoreraient les Deschiens, des resto de toutes sortes, y compris d'aspect assez bourgeois, des thaï, japonais, turcs, un végétarien Hare Krishna à côté d'un bar gay (le "Family"), des sex-shops, la soupe populaire, des magasins qui vendent de l'alcool et devant lesquels traînent la nuit quelques soulographes, des putes de différents genres...

Les architectures aussi sont mixtes, quelques bâtiments de deux ou 3 niveaux qui évoquent les pionniers du début 20e, un élégant immeuble de bureaux qui n'ont pas encore trouvé preneurs pour cause de crise, des mochetés de toutes sortes... Tout ça est bon enfant, manque tout à fait de style mais, finalement, j'aime bien...

3.5.10

geyser



Encore le feu de la terre, mais devenant eau. A Rotorua, l'exceptionnel c'est le geyser. Attente excitante : il (la jeune femme que j'interroge, dans le parc de Te Puia, dit "elle") s'exprime au moins une fois par heure, mais sans une régularité d'horloge. Il faut donc l'attendre. Plaisir de "la" voir peu à peu grandir. Et d'y trouver un arc-en-ciel.

Par cars entiers, des groupes de Japonais viennent se faire photographier ici.

Cratères





La chaleur sous nos pas... "Craters of the Moon", près de Taupo: cratères dans le cratère, des fumées blanches, des chuintements de vapeur, des bouillonnements de boue. Le feu dans la terre expire, les odeurs qu'il exhale ne sont pas violentes, juste un parfum de terre cramée, agréable. Partout des panneaux avertissent des dangers, il faut rester sur le chemin de bois qui serpente dans la lande roussie. Les plantes ici sont des survivantes, des mousses et des fougères surtout. Tout autour du cratère, des sapins.
Le lac de Taupo (le plus grand de NZ, presque une mer intérieure) emplit le cratère d'un volcan dont l'éruption, il y a 26 500 ans, a parait-il envoyé des rocs jusqu'en Chine. Ça fume encore de partout.




Johanna m'a emmenée près de Turangi sur un autre site, moins touristique. On vient y faire sa cuisine à la vapeur, gratuitement – ce jour-là, ça sentait le mouton. Dans certains trous, la boue fait des bulles, avec des borborygmes d'ogre. La végétation survit bien, en particulier des manucas (arbuste dont on tire de l'huile et qui parfume un miel tonifiant), il y a même des poissons rouges dans un des étangs. Et des oiseaux partout.



Pour une meilleure idée, une autre petite vidéo : manque plus que l'odeur - légèrement cramée...

rien ne presse


Remonter en bus de Wellington vers Auckland, où je comptais arriver samedi (en fait, j'ai traîné un jour de plus à Tauranga). D'ici là, arrêts prévus à Turangi lundi soir, Taupo, Rotuora, Tauranga. Je retrouve ce sentiment du temps qui s'étire dès que le stress arrête de le compresser, sentiment de paresse, rien ne presse. Plus de 5h et demi pour rejoindre Turangi. Ces routes limitées à 100 ne sont pas prévues pour la vitesse, en général deux voies seulement, de temps en temps un passage pour doubler. Dans l'île sud, nous avons passé quelques kilomètres au cul de camions transportant des moutons – odeur éprouvante, qui s'incruste dans la voiture pendant des heures.




Ah, les moutons, toute une histoire. Je les retrouve partout. Dans la campagne. Très près de la ville, comme sur le mont Mounganoui, aux abords de Tauranga.

émotion motet

Dernière minute avant de quitter Wellington, saut par la City Gallery, petit musée d'art moderne à deux pas de l'eau. Surprise de découvrir là la pièce magique de Janet Cardiff, « The Forty-Part Motet », que j'avais adorée à St-Séverin lors de la dernière Nuit Blanche. 40 haut-parleurs en cercle, pour 40 voix qui dessinent une architecture mouvante dans l'espace vide. Des voix entendues dans toute leur singularité, à mon oreille si je veux, et en même temps composant l'ensemble, magnifique, comme de la musique vivante. Puissance de la voix, émotion pleine. Encore la joie qui prend le corps, donne envie de danser ou de pleurer.


La Gallery expose aussi une video étonnante, Tino Rangatira Tanga, de Leilani Kake, qui y raconte la vie et la mort de son père. Des chants, beaucoup, font la fête, sacralisent le grand tatouage princier que Richard Kake se fait graver sur le visage, accompagnent le mourant, dansent la cérémonie des obsèques. L'authenticité du témoignage est brûlante, accès direct à la fierté, la beauté des hommes, à la proximité d'une fille filmant son père.

Tino Rangatiratanga: la formule (de rangatira, chef) fait référence à "l'absolue souveraineté" maorie, plus ou moins reconnue par le traité de Waitangi signé entre Maoris et Britanniques en 1840.

dimanche à Eastbourne





Quand même, il y aura eu un jour très gris à Wellington : "windy Welli" enfin digne de sa réputation. Vicki et Sally m'emmènent en ballade à Eastbourne, de l'autre côté de la baie.
Décoiffant et romantique. Sur la plage, des jeunes prennent des photos.

Au bout de la jetée, un pêcheur. Un seul.