23.5.10

Malacca



Oui, ça vaut le coup d'aller à Malacca. Surtout pour ce mélange remarquable de communautés qui se partagent la ville sans heurts, malgré les différences religieuses. Les Malais musulmans et majoritaires, les Indiens, les Chinois, les communautés mixtes, vivent souvent dans des quartiers séparés mais se mêlent en maintes occasions, au boulot, en s'invitant à diverses fêtes, en se mariant. Ici, tout ça se développe sur le substrat européen d'une ville marquée par les Portugais (1511 à 1639) puis par les Hollandais, qui la cèdent aux Anglais en 1824.




Maison malaise, habitée et ouverte à la visite. La maison traditionnelle, en bois et sur pilotis, était construite en 3 parties: la terrasse, la chambre (une seule pour toute la famille, les parents dans le lit, les enfants par terre), la cuisine.


Saudade au Portuguese Settlement, quartier où les descendants des anciens envahisseurs portuguais sont toujours installés, face à la mer, autour d'une église.


Le plus grand cimetière chinois du monde hors de Chine.

Dans Chinatown, quasiment côte à côte, temples chinois, indiens et mosquées.


Le temple Cheng Hoon Teng, le plus vieux temple chinois de Malaisie (1648)




Le temple Sri Povyatha Vinayagar Moorthi, un des plus vieux temples indiens de Malaisie


Le bassin de la mosquée Kampung Kiling (1748)

L'église St Paul, où fut enterré St François-Xavier quelques mois, en 1553




Rosnani (dite Rose), la mère de Zaed (rencontre Couchsurfing à Melbourne il y a deux ans, revu par hasard à Wellington cette année) m'a promenée pendant deux jours, fière de sa "home town". Elle raconte ses six ans et son mari, cuisinier à la retraite (à 55 ans, âge normal) avec qui nous allons diner dans un restaurant thaï et qui rit lorsque je dis n'avoir qu'une seule fille, un frère et une sœur, sept cousins... Eux, ils se comptent chacun une soixantaine de cousins, leur mère ayant chacune eu 15 enfants, nombre banal... Rose a travaillé longtemps comme réceptionniste, boulot abandonné au 6e enfant, à 40 ans. Avec en plus une belle-mère qui la critiquait constamment. "J'étais une femme très fatiguée." Aujourd'hui, à 52 ans, elle est couturière à la maison. Elle porte le foulard islamique, malgré la chaleur (le retire dès qu'elle peut), comme toutes les femmes et jeunes filles musulmanes que je vois. Elle ne le fait que depuis 12 ans et n'explique ce choix que par le désir qui l'aurait pris en vieillissant d'être une "meilleure musulmane".

Depuis vingt ans, Malacca a beaucoup grossi. Elle a construit des terrains récupérés sur la mer, bâti des centres commerciaux, des blocs de logements, des hôtels, beaucoup d'hôtels dont on se demande comment ils vivent (certains ont même l'air quasiment vides) mais d'autres projets sont annoncés. Investisseurs chinois (traditionnels ici) mais aussi venus du Golfe.





Pour devenir une destination touristique, la ville a fait plein d'efforts. Réhabilitation de sa rivière et aménagement de ses berges, création de nombreux petits musées, pas toujours passionnants (un étonnant musée de la beauté souffrante).

Le samedi soir, Chinatown ferme ses rues à la circulation et devient un espace festif. Les Singapouriens viennent faire du shopping bon marché, les habitants de Kuala Lumpur passent les week ends. Tout cela menace bien sûr l'identité de la ville - je suis contente de l'avoir vu avant qu'elle se perde.

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