15.5.10
Style or not Style?
La question me tourmente (si, si): quelle place donner au "style" ici, Auckland City? Compte-t-il? Ou pas? C'est tellement foutraque, une chatte européenne n'y retrouve pas ses petits.
Dans l'architecture, tout s'entrechoque, pas toujours avec grâce. Du doré (investisseurs chinois, paraît-il - info non vérifiée) côtoie les landmarks.
Le "patrimonial" mérite des plaques sur le sol mais n'est pas conservé avec un esprit tatillon. Exemple les boutiques de Upper Queen Street.
Peut-être le style de ne pas en avoir? Pas d'école, un goût excessif pour le mélange car tout y concourt: la jeunesse du pays (qui adore le "vieux" qu'il n'a pas), la crise (tout le revival, vintage en profite, les boutiques en sont pleines, parfois avec un goût Deschiens pas très convaincant mais rigolo), le cosmopolitisme... De l'Europe évidemment, des traces britanniques mais aussi françaises (beaucoup de boutiques se donnent des airs chics avec des noms français)et un peu néerlandaises (c'est quoi le style batave?). Des airs d'Amérique - un côté western, petites villes de pionniers... Les îles du Pacifique, à commencer par la présence maorie, population qui s'est beaucoup mêlée aux européens (il semble que le sang "pur" soit extrêmement rare).
Par exemple Carla, guide du parc de Te Puia a Rotuora: grand mère maorie (venue de Tahiti, clan des requins, ce qu'elle ne trouve pas très sympathique), grand-père écossais - qui plaignait ses descendants : une partie aimera l'alcool mais l'autre ne voudra pas payer pour... Malgré ce mélange, la culture maorie est vivace. Elle a sa chaîne de télévision, ses écoles, une langue parlée par une grande partie de la population, des musiques qui font des hit...
Et puis il y a les nouvelles couches de population : beaucoup d'Asie - Inde, Pakistan, Japon, Chine évidemment (les moins bien acceptés aujourd'hui dit-on). Et les musulmans du Moyen Orient arrivent. Ainsi que les Turcs, avec qui la Nouvelle Zélande entretient une amitié solide depuis la fin de la guerre (les deux pays fêtent l'Anzac Day ensemble à Wellington).
Toute cette diversité se voit dans la rue, les boutiques, les petits resto, les suschi et les restos indiens partout, le supermarché chinois de K'Road (le seul du coin, aussi populaire que Tang à Paris)...
Par exemple cette boutique de gâteaux, d'inspiration japonaise, sur la très chic et sympa Hight Street.
Mais aussi le tout venant des "take aways" et petits restos - comme ici sur Queen Street.
Éclectique donc!!! Pour le pire et pour le meilleur. Le pire dans la nourriture, qui garde de déraisonnables tentations britanniques, irrémédiablement sucrailleuse. Sweet & sour, sweet & chili, pas moyen d'y échapper. Du miel dans les vinaigrettes des salades, du sucre dans les beignets de crevettes ou les marinades de moules...
Mais ça devient drôle et intéressant dans les boutiques et le design. Une mode légère et bien coupée, inventive (avec un zest de Japon et de France), beaucoup de rayures, des imprimés de toutes sortes et des chouettes doublures. Des trucs genre Madonna - vieilles dorures catholiques dans le contemporain élégant, des boutiques qui vendent des produits de beauté, des bonbons et de la brocante en même temps (et qui s'appellent "World", évidemment)...
La liberté, elle est là face à la conformité : à peine visible, le nanisme de cette acrobate. Ou le bras paralysé de ce poète, qui ne sort pas plus la main de sa poche que Djamel mais personne ne le remarque. Le contrôle social n'a pas l'air trop pesant. Exemple rencontrer dans le même ascenseur une femme en bottes de cuir et une fille en tong. Et aussi partout des gens pieds nus - normalement, on se déchausse à l'intérieur des maisons mais il y a aussi des pieds nus dans la rue, par exemple sous les grosses averses, les jeunes enlèvent leurs chaussures pour les garder sèches.
La liberté. Un combat sûrement ici comme ailleurs. A voir cette affiche dans un couloir de l'école d'art, couloir menant aux toilettes, la lutte contre les acheteurs de cerveaux disponibles existe ici aussi.
Du côté de l'art contemporain, je n'ai pas vu assez pour une idée sérieuse. De belles pierres de Chris Charteris, sculpteur ET créateur de bijoux (en jade, bien sûr), qui vit dans la péninsule de Coromandel et ne met pas les pieds à Auckland pendant des mois.
Et la liberté de Jim Vivieaere, qui travaille toutes les matières, tous les supports - lors d'une résidence de 3 mois à Samoa, il a nettoyé un champ près de sa maison, y a planté des arbres, déroulé une pièce de papier de riz sur 200 mètres et dispersé dessus des encres avant de la brûler dans un grand feu, ne conservant de l'action qu'une video et quelques petits morceaux de la peinture sauvés du brasier...
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